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Titre : | Les briseurs de calvaires |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Botrel, Théodore |
Interprète(s) : | Yvonneck [Arthur Victor Jullion] |
Genre : | Chant royaliste |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 27 cm aiguille (enregistrement acoustique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | APGA |
Numéro de catalogue : | 1402 |
Date de l'enregistrement : | 1906-01 |
Vitesse (tours/minute) : | 88 |
Matériel employé au transfert : | Garrard 401, SME 3012, pointe 4,0ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat, passe-bas, Cedar X declick, decrackle, dehiss |
Date du transfert : | 13-06-2010 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-dessous. chanson royaliste, chanson politique |
Texte du contenu : | Contes du lit-clos, 1912.
LES BRISEURS DE CALVAIRES Lorsque, surpris par la nuit sombre, Vous traversez nos carrefours, Vous entendez souvent, dans l’ombre, De longs soupirs et des bruits sourds, Des soupirs venant d’Outre-tombe, Pleins d’un désespoir infini, Et le bruit du granit qui tombe Et retombe sur du granit… Alors, tremblant de tout votre être, Vous vous sauvez en vous signant, Vous demandant quels peuvent être Ces ouvriers au cœur saignant : Ce sont des soldats de naguère Qui voulaient — sacrilèges fous ! — Dans le temps de la Grande Guerre Chasser le bon Dieu de chez nous ; Venus de Paris ou de Nantes, Hurlant comme des loups-cerviers, Brandissant des torches fumantes, Armés de pics et de leviers, Ces maudits, que les Enfers mêmes Ont refusé de recevoir, Avec de terribles blasphèmes Brisaient l’Autel et l’Ostensoir ; Ils détruisaient les Cathédrales Et les Croix de granit sculpté… Ah ! les « Colonnes infernales » Avaient un renom mérité ! ⁂ Pourtant, sur ces luttes maudites Plus d’un siècle a déjà passé, Et les Églises reconstruites Abritent l’Autel redressé ; Sur nos grands chemins, des Croix neuves Tendent leurs bras au Paradis… Mais combien de routes sont veuves De leurs Calvaires de jadis ! Dans les douves, au bas des haies, Des Christs, depuis ces attentats, Étalent toujours leurs cinq plaies Au pied de mille Golgothas ! Ils sont là, les Jésus de pierre, Tète de ci, jambes de là… Seul, l’oiseau chante une prière, Seul, le vent pleure sur cela ! La mousse lentement les ronge ; Dans la boue ils sont enlisés ; A les relever nul ne songe… Hormis Ceux qui les ont brisés : Quand la mi-nuit sonne à l’horloge Du sombre Palais de la Mort, De sa tombe chacun déloge Pour venir au pays d’Armor ! D’où viennent-ils ? Quel sortilège Les force à revenir chez nous ? Je ne sais ! mais nul sacrilège Ne doit manquer au rendez-vous ! Au milieu des lambeaux informes Des linceuls rongés et boueux, On reconnaît les uniformes Que portaient, autrefois, les Bleus… Et chacun s’en va, solitaire, Sans voir qui s’en vient près de lui, Cherchant, à tâtons, le Calvaire Qu’au temps jadis il a détruit… Et, quand il l’a trouvé, bien vite Il tâche à le mettre debout ; Mais son corps décharné s’effrite En se frôlant au dur caillou : Hé ! las ! que chaque pierre ronde Semble donc lourde à ses doigts gourds Lourds de tous les péchés du monde Hé ! las ! que les Jésus sont lourds !… Et chacun se lamente et pleure À la manière du hibou, Jusqu’à ce qu’enfin sonne l’heure Où chacun rentre dans son trou ! ⁂ Aussi, quand, par une nuit sombre, En traversant vos carrefours, Bretons ! vous entendez, dans l’ombre, De longs soupirs et des bruits sourds, Faites vite deux, trois prières — Plutôt même quatre que trois — : Ce sont les Briseurs de Calvaires Qui remettent Jésus en Croix !… THÉODORE BOTREL. CONTES du Lit-Clos. Récits et Légendes bretonnes EN VERs. Georges ONDET, Éditeur, Paris, 1900 - 1912 |
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