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Titre : | Les jeunes filles |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Daudet, Alphonse |
Interprète(s) : | Galipaux, Félix |
Genre : | Monologue comique |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 27 cm aiguille (enregistrement acoustique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | APGA |
Numéro de catalogue : | 1281 |
Date de l'enregistrement : | 1906 |
Instruments : | Déclamation, diction, monologue |
État : | Exc++ |
Vitesse (tours/minute) : | 83 |
Matériel employé au transfert : | Garrard 401, SME 3012, pointe 1,5ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat, passe-bas 5kHz, Cedar X declick, decrackle, dehiss |
Date du transfert : | 23-06-2014 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-dessous. Le goût des hommes pour des femmes d'âges divers : Charles de Bernard, Honoré de Balzac, femme de romans, femme de quarante ans, jeunes filles de 15 à 18 ans, mineures |
Texte du contenu : | Les jeunes filles
Nous avons tous, petits et grands, Ici-bas, des goûts différents ; « Chacun le sien », dit le proverbe. Les ânes aiment le chardon ; Nous, nous aimons le mouton, Et le mouton préfère l'herbe. Donc, puisqu'il est des goûts divers, Goût de la prose et goût des vers, Goût des gens d'esprit, goût des rustres, J'avouerai sans témérité Qu'en un point, je n'ai pas été Du goût de deux hommes illustres. L'un d'eux — c'est Charles de Bernard, Je ne sais où, mais quelque part, Dit que les femmes qu'il préfère Sont les femmes de quarante ans, Et qu'à l'aide de fausses dents L'âge ne fait rien à l'affaire. L'autre, — saluez : c'est Balzac ! Tirant ses noix du même sac, N'admire qu'à moitié les femmes Qui n'ont pas leur trente ans sonnés. Ô très grands hommes, pardonnez À l'auteur de ces vers infâmes ! Pardonnez-moi : votre ragoût N'est pas celui selon mon goût Non point que je vous désapprouve; Je mordrai même à belles dents Dans vos pommes de quarante ans, Si le bon Dieu veut que j'en trouve. Mais ce sont fruits de grands seigneurs. Sont-ils plus sains, sont-ils meilleurs ? Moi, je préfère les lentilles : Le fait est que je suis gourmand ; Aimez vos femmes de romans, — Moi, j'aime mieux les jeunes filles. De quinze à dix-huit ans. Les yeux Trempés dans la couleur des cieux, Comme dit la vieille romance. Un bras maigre qui s'arrondit, Une gorge qui s'enhardit ; Rien n'est venu, mais tout commence. C'est doux, c'est craintif, c'est charmant, On dit encor : « Papa ! maman ! » On a le teint frais, les mains roses ; On ne sait rien, bien que souvent On devine beaucoup de choses. On couche encor avec sa sœur, On rêve de son confesseur Et l'on a, ma foi, des nuits blanches Neiges d'avril ! Premiers rayons, Fleurs qu'on voit grandes; oisillons Dont on voit s'allonger les ailes ! Beaux trésors que vous dérobez, Espiègles comme des bébés, Farouches comme des gazelles ! Oui, je vous aime, et cent fois mieux Que les femmes de ces messieurs, Ô petites pensionnaires ! L'aspect de vos dix-sept ans Me ragaillardit en ce temps De camélias poitrinaires. Et je suis homme à m'arracher Aux douceurs d'un petit coucher De duchesse et de Cydalise, Pour vous voir passer chastement, Aux côtés de votre maman, Quand vous sortez de l'église. Alphonse Daudet |
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