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Titre : | Plain-Chant (fragments) ; Je n'aime pas dormir... Mauvaise compagne, espèce de morte... Vies d'amour faites halte |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Cocteau, Jean |
Interprète(s) : | Cocteau, Jean |
Genre : | Diction : poème |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 25 cm aiguille (enregistrement acoustique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | Ducretet Thomson – Musée de la Parole – Université de Paris |
Numéro de catalogue : | 6002 |
Numéro de matrice : | MP10 |
Instruments : | Déclamation, diction, monologue |
État : | Exc++ |
Vitesse (tours/minute) : | 78 |
Matériel employé au transfert : | Garrard 401, SME 3012, pointe 78t sur Shure, Elberg MD12 : courbe Decca |
Date du transfert : | 24-09-2004 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-dessous. Coll. José Sourillan. |
Texte du contenu : | Jean Cocteau
Plain-Chant (fragments, partie 1) ; Je n'aime pas dormir... Mauvaise compagne... Lit d'amour faites halte Je n'aime pas dormir quand ta figure habite, La nuit, contre mon cou ; Car je pense à la mort laquelle vient trop vite Nous endormir beaucoup. Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille ! Est il une autre peur ? Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille Ton haleine et ton cœur. Quoi ? ce timide oiseau, replié par le songe Déserterait son nid, Son nid où notre corps à deux têtes s'allonge Par quatre pieds fini. Puisse durer toujours une si grande joie Qui cesse le matin, Et dont l'ange chargé de construire ma voie Allège mon destin. Léger, je suis léger sous cette tête lourde Qui semble de mon bloc, Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde, Malgré le chant du coq. Cette tête coupée, allée en d'autres mondes, Où règne une autre loi, Plongeant dans le sommeil des racines profondes, Loin de moi, près de moi. Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge, Par ta bouche qui dort Entendre de tes seins la délicate forge Souffler jusqu'à ma mort. Mauvaise compagne, espèce de morte, De quels corridors, De quels corridors pousses-tu la porte, Dès que tu t'endors ? Je te vois quitter ta figure close, Bien fermée à clé, Ne laissant ici plus la moindre chose, Que ton chef bouclé. Je baise ta joue et serre tes membres, Mais tu sors de toi, Sans faire de bruit, comme d'une chambre, On sort par le toit. Lit d'amour, faites halte. Et, sous cette ombre haute, Reposons-nous : parlons; laissons là-bas au bout, Nos pieds sages, chevaux endormis côte à côte, Et quelquefois mettant l'un sur l'autre le cou. Rien ne m'effraye plus que la fausse accalmie D'un visage qui dort ; Ton rêve est une Égypte et toi c'est la momie Avec son masque d'or. Où ton regard va-t-il sous cette riche empreinte D'une reine qui meurt, Lorsque la nuit d'amour t'a défaite et repeinte Comme un noir embaumeur. Abandonne, ô ma reine, ô mon canard sauvage, Les siècles et les mers; Reviens flotter dessus, regagne ton visage Qui s'enfonce à l'envers. Au montent de plonger sous les vagues du songe Tu sembles hésiter ; Craindrais-tu, par hasard, qu'à ta suite je plonge Et du même côté. Ne crains rien, nos sommeils ont une différence, Car lorsque je m'endors, Le cauchemar te mêle aux lieux de mon enfance Avec mes amis morts. Tu traverses les bois, les pelouses, les fermes, Les routes que j'aimais ; Tandis qu'en la torpeur profonde où tu t'enfermes, Je ne marche jamais. Il me serait bien doux de déranger ton rêve, De l'habiter longtemps. Alors je tremblerais que le soleil se lève Et t'ouvre à deux battants. |
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