Y a des tas d' gens peu veinards en amour
Qui n' réussissent jamais à être aimés
Très indécis, ils se demandent toujours
À quel moment ils doivent se déclarer
Soyez malin, si vous aimez une femme
Attendez qu'elle ait besoin d' vous
À ce moment, déclarez-lui votr' flamme
Tout en lui faisant les yeux doux
Un jour de pluie, suivez-la
Mais surtout, n' vous montrez pas
Laissez-la bien barboter
Et quand elle sera crottée
Qu'elle pataugera dans l'eau
Tout en cherchant une auto…
Trouvez-vous là au bon moment en même temps qu'elle
Dites-lui gentiment
"J' vous aime depuis longtemps
Et je vous offre avec mon cœur, ma toute belle
Une place dans ma vie
Une place dans mon taxi"
Vous verrez aussitôt sourire la cruelle
Alors, vous causerez, votre canne à la main
Mais qu'importe tout ça si vous voyez l' lendemain
Qu' vous avez eu la canne et qu'elle a eu l' pépin
Y en a qui offrent à la femme adorée
De belles corbeilles, d'énormes bouquets
Y a des poètes fauchés comme les blés
Qui se contentent d' leur offrir des sonnets
Soyez roublard, attendez qu' votre belle
Fasse un tour aux Grands Magasins
Qu'elle choisisse des linons, des dentelles
Des p'tits chichis, des grands machins
Laissez-lui le temps d' choisir
De la soie et du zéphyr
Trois manteaux, dix-sept jupons
Qu'on mettra dans un carton
Quand devant l' caissier souriant
Elle allongera son argent…
Trouvez-vous là au bon moment en même temps qu'elle
Dites-lui gentiment
"Reprenez votre argent
Pour vous prouver mon grand amour, ma toute belle
Je veux tout vous offrir
Ça me f'ra tant plaisir"
Prenez tous les paquets, les cartons, les dentelles
Portez ça au métro d'un petit air guilleret
Écoutez les conseils de la dame du guichet
"Monsieur, pour les ballots, voyez au bout du quai"
Si vous suivez mes conseils, certainement
De votre belle vous deviendrez l' mari
Mais avant ça vous penserez longuement
Au doux émoi de la première nuit
C'est à c' moment qu'il faudra d' la malice
Tout dépend des premiers transports
Car au milieu de c' beau voyage en v… en Suisse !
Faut pas perdre son pass'port
Quand, vous pressant sur son cœur
Votre femme dira "Je meurs
Oh, maman, oh, mon p'tit loup
Qu'est-c' que tu m' fais là, c'est fou !
Ah, mon cher petit mari
Tu m' transportes au paradis"
Trouvez-vous là au bon moment en même temps qu'elle
Dites-lui gentiment
"N'appelle pas ta maman"
Et dans vos bras serrez plus fort la toute belle
Refaites-la mourir
Ça lui f'ra bien plaisir
Car si l'amour, dit-on, n'est qu'une ritournelle
Pour la lui faire chanter, au moins sept à huit fois
Soyez bien dans le ton, descendez pas trop bas
Et faites bien attention d' pas lui casser la voix