Avec ses grands yeux noirs faits pour damner sa vie
Elle était la plus jolie
Des madones d'Algérie
Les amoureux galants se pressaient sur ses pas
Là-bas
Mais cela ne tentait pas
Aïcha
La perle d'Oudja
Aïcha la brune
Au clair de la lune
Passait, baissant les yeux
D'un pas mystérieux
Et la babouche
De la belle farouche
À chaque pas, sans rancœur
Piétinait un cœur
Mais un soir un Français, oh ! comme elle était belle
Passant par hasard près d'elle
Regarda la demoiselle
Pour la première fois, Aïcha leva les yeux
Vers ceux
Qu'un p'tit dieu d'amour malin
Câlin
Mettait sur son ch'min
Aïcha la brune
Au clair de la lune
Tressaillit longuement
Et puis, bien tendrement
De tout son être
R'garda disparaître
L'inconscient voleur
Qui emportait son cœur
Elle chercha longtemps à revoir la douce image
Du Français au beau visage
Mais l'inconnu de passage
Était parti bien loin sans connaître le mal
Brutal
Qu'il avait fait pour toujours
Un jour
Dans un r'gard d'amour
Aïcha la brune
Au clair de la lune
Promenant sa douleur
Vient effeuiller des fleurs
À l'endroit même
Y lut un poème
Et qu'elle appelle en pleurs
Le tombeau d' son cœur